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Boucherie Ovalie, parce que le rugby est une affaire sensible


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Mêlons-nous les uns les autres 

 

 

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Les spécialistes caustiques du site Boucherie Ovalie sortent leur “Guide de survie au pays du rugby”. Une bible à lire de toute urgence pour profiter au mieux des trois rencontres au sommet qui se profilent : France/Nouvelle Zélande, France/Afrique du Sud et France/Japon.

Il existe déjà La Physiologie du goût de Brillat-Savarin, le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Larousse et quelques encyclopédies des plantes. Tous utiles et réputés. Mais, en ce week-end de rugby, c’est vers un autre ouvrage que les esprits curieux, fins et subtils, devront se tourner : Boucherie Ovalie. Guide de survie au pays du rugby. Les esprits chagrins relèveront que le titre n’est pas sérieux mais les connaisseurs se régaleront de l’érudition des auteurs (liste p. 286) qui avaient déjà réalisé un tome 1 (La vie est trop courte pour comprendre le rugby) et les néophytes feuillèteront à l’envi les quelques trois cents pages de cette somme aussi inclassable que nécessaire. Tout y est : les techniques, les règles, les stratégies, les modes d’entraînement, les stades, les matchs à connaître, les pratiques sociales et j’en passe (à l’arrière comme il se doit). Avant que les institutions universitaires ne sollicitent les auteurs de cette bible, précisons tout de même qu’ils font preuve d’un humour très caustique et détaillent avec une saine irrévérence les petits travers de ce sport illustre. 

 

 

Or donc, quinze joueurs de chaque côté

 

 

Les Anglais ont toujours eu une conception très particulière du jeu qu’ils ont inventé (on finit par le savoir). Ce fameux rugby, jeu qui se joue avec un ballon ovale, sport de la gentry, du moins dans ses premiers temps, s’est imposé avec des règles bien établies que l’on rappellera ici rapidement pour les spectatrices qui devront, par tendresse ou accompagnement amical, se coltiner trois matchs dans les jours à venir à la télévision (11 novembre : France/Nouvelle Zélande ; 18 novembre : France/Afrique du Sud ; 25 novembre : France/Japon). Or donc, quinze joueurs de chaque côté, sur un terrain long de cent mètres et large de soixante-dix mètres, doivent gagner la terre promise située derrière la ligne blanche et marquer un essai ou passer une pénalité ou un drop (de plus en plus rare) entre les poteaux de dix mètres de haut, distants de cinq mètres soixante centimètres avec une barre transversale située à trois mètres. Voilà pour l’arithmétique élémentaire. Côté chiffres, on pourra rajouter que la masse musculaire des joueurs professionnels est en constante progression et entretient des relations de plus en plus délicates avec les tendons et ligaments, mais ceci est une autre histoire.

 

 

Les plaquages sont des souvenirs de jeux d’enfants

 

 

Nous n’entrerons pas ici dans les règles de la mêlée et des hors-jeu ni ne répondrons aux questions du genre : « Pourquoi c’est sifflé là ? » qui agacent l’amateur éclairé parfois lui-même incapable de répondre compte tenu du fait que l’arbitrage est aussi sensible et imprévisible que le rebond du ballon, ovale, nous l’avons dit. Les règles sont largement détaillées dans le livre et en cas d’incompréhension, ce qui arrive souvent quand on n’y connaît rien, on pourra s’y reporter. Pour convaincre de la beauté de ce sport, chorégraphie plus que combat de coqs (on peut être démagogue quand on aime), il faut parfois expliquer que le pilier qui hasarde deux doigts dans les yeux du protagoniste d’en face ne le fait que par timidité, pour attirer l’attention et que la « fourchette » n’est plus tolérée. Il faut souligner que le port du casque est une coquetterie, que le protège-dent est un accessoire pour masquer un sourire ou une grimace (ça dépend du joueur et du score de son équipe), que les gifles sont une sorte de tradition amicale et que les plaquages sont des souvenirs de jeux d’enfants, sauf le plaquage « cathédrale » évoqué pp. 36-37.

 

 

Ce sport est une constante confrontation entre l’espace et le groupe

 

 

Ceci dit, et puisque la téléspectatrice d’abord curieuse par politesse puis désormais lasse s’en est allée, on peut regarder le match, commenter les actions, voire proférer quelques jurons. « Dans  les sociétés protohistoriques, groupées en villages, écrivait Fernand Braudel dans La Méditerranéel’espace est senti comme une entité indéterminée, sans limites précises, virtuellement hostile, dangereux ». Cette référence, outre le fait qu’elle témoigne que l’évocation du rugby est aussi affaire d’intellect, suggère aussi que ce sport est une constante confrontation entre l’espace et le groupe, soit le gazon (le vrai, le Britannique, pas le coupé-collé du stade de France ni le synthétique) et le groupe des quinze. Le jeu s’enlise et se racornit quand il faut défendre, se déploie et s’autorise toutes les audaces quand il s’agit d’attaquer, se défigure quand il n’est que successions de tampons rabaissant le jeu à quinze au jeu à treize. Pour saluer l’arrivée — je n’ai pas dit le déferlement — des All blacks ce week-end en France et leur jeu si spectaculaire qui risque de donner des maux de tête aux joueurs comme au sélectionneur, il faut donc de toute urgence se procurer Boucherie Ovalie et consulter le site www.boucherie-ovalie.org, ou twitter, Facebook et Instagram. On peut aussi commenter les commentaires en écrivant à redaction@boucherie-ovalie.com.

A lire

 

Boucherie OvalieGuide de survie au pays du rugby, préface de Marc Lièvremont, éd. Marabout, 290 p., 29 €

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