Aller au contenu

Et Radiohead prit -poste du rock


serdam

Messages recommandés

Et Radiohead prit -poste du rock

 

 

 

 

 

 

 

radiohead-la-tete-dans-les-etoiles,M469970.jpg&key=4cc42ca2cfefd06821378dcc38cf284800417bffb3b42923770a6bfcd78edade

 

 

 

 

 

En 1997, Radiohead publie “OK Computer”, réédité aujourd’hui en triple vinyle avec inédits et face B. Immédiatement élevé au rang de classique d’un nouveau rock cosmique, il transforme en stars de l’avant-garde la petite bande de Thom Yorke, que tout le monde pensait destinée à une carrière de série B.

 

 

La date est d’importance : 1997. L’approche du nouveau millénaire, la fin d’un monde, le début d’une nouvelle ère. « I’m born again »,chante Thom Yorke. Sa voix est triste, elle l’a toujours été, mais tout autour de lui les idées crépitent, un feu de joie sous les étoiles. Avec son troisième album, Radiohead se propulse à des hauteurs vertigineuses sans savoir qu’il n’en descendra plus. L’accueil est extraordinaire, le disque s’installe directement au sommet des classements de vente, la plupart des magazines rock crient au chef-d’œuvre, font d’OK Computer leur disque de l’année et croient entendre la musique du futur, une formule gazeuse où les bases rock se dissolvent dans une contemplation cosmique. « Thom Yorke et les siens ont fini par créer leur propre galaxie sonore, écrit Mojo, moitié planète enchantée, moitié cercle des outsiders. » Paul Morley, journaliste vedette et fondateur du label ZTT, trouve des accents lyriques pour décrire le choc esthétique : « Je donne une étoile à Radiohead pour leur album audacieusement indéfini, une étoile brillante, une étoile liquide, une étoile carillonnante, une étoile dans la nuit, une étoile filante, une nouvelle étoile. Je donnerai à un nom à cette étoile : Black Star ou Prettiest Star. »  Soit deux allusions à David Bowie dont une 100 % prophétique.

 

 

“Je suis un sale type, je suis un taré.”

 

 

Dans les mois qui suivent la sortie d’OK Computer, à la fin du printemps, les musiciens d’Oxford sont devenus les stars qu’ils n’auraient jamais pensé être. Ils sont questionnés partout, à longueur de temps, comme les éclaireurs du rock à venir. On en oublierait presque qu’ils ont été pendant des années les têtes de Turc de la critique musicale, toujours décrits comme des suiveurs incapables de saisir leur chance, des clones de Nirvana (à l’époque de Pablo Honey,leur premier album, et à l’époque de The Bends, beaucoup mieux accueilli), des émules du U2 conduit par Brian Eno. Après 1993, ils ont traîné comme un boulet le succès de Creep, énorme tube grunge à double carburation qui leur a valu les moqueries de Beavis and Butthead. Il leur a fallu écumer l’Amérique pour alimenter la dynamique du succès, répondre à toutes les demandes, rejouer jusqu’à l’épuisement le même morceau (qu’ils ont fini par appeler crap,« saloperie »). Et puis recommencer en Angleterre, Thom Yorke reprenant ad nauseam le refrain de son ode à la haine de soi : « Je suis un sale type, je suis un taré. »Le chanteur était l’anti-star par excellence, replié sur lui-même, et ses paroles affligées, la nouvelle figure du spleen adolescent que la presse traitait avec un certain mépris. « Que fait Thom Yorke dans la vie ? Il geint », disait la légende d’une photo du chanteur en artiste maudit publiée dans le NME, lequel qualifiait aussi Radiohead de « poltron »« Avec le recul, je suis d’accord avec l’idée que nous étions des “poltrons”, dit Yorke à la sortie d’OK ComputerMais cette photo nous a suivis et a défini notre image pendant deux ans. Je dois être sensible, car j’en suis resté blessé pendant des années. »

 

 

Guitares pulvérisées en pluies acides

 

 

OK Computer est donc l’album de la revanche. Le groupe décide de tout risquer et de prendre son destin en main. Ils s’enferment dans un hangar au fin fond de la campagne pour se livrer à toutes sortes d’expériences sonores, enregistrant ce qui leur passe par la tête à l’aide d’un studio portatif. Ils peaufinent l’enregistrement dans un manoir de Bath à la réverbération hantée, avec l’aide de Nigel Godrich, qui n’a pas encore ses galons de producteur vedette et travaille en parfaite osmose avec eux. « Notre seul impératif était d’acquérir une totale liberté, racontait Yorke à l’époque de la sortie. Nous étions nostalgique de l’époque où nous travaillions, Jonny Greenwood et moi-même, sur un magnéto quatre pistes, où nous enregistrions quand on en avait envie, dès qu’une idée nous traversait l’esprit. » Radiohead se réinvente en perdant l’équilibre, sans savoir s’il le retrouvera. Le socle guitare-basse-batterie, qui le rattache au rock anglais de l’époque, reste en place, mais il est bousculé en permanence par des bruits parasites, l’écho de profondeurs cosmiques, l’éclat de voix d’enfants avalées par des synthétiseurs grinçants (Exit music), les guitares pulvérisées en pluies acides (Paranoid Android).

 

https://www.youtube.com/watch?v=videoseries

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...