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Au Mainsquare, Radiohead garde la tête dans les étoiles


serdam

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Au Mainsquare, Radiohead garde la tête dans les étoiles

 

 

 

 

 

 

 

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Au festival Mainsquare d’Arras, le groupe emmené par Thom Yorke jouait sa seule date française de l'année. Vingt ans après son classique “OK Computer”, Radiohead conserve son audace et son pouvoir d'émotion. 

 

 

La tournée, entamée il y a plus d'un an, a beau toujours s'appeler A Moon Shaped Pool Tour elle n'accorde plus la part du lion aux titres de son dernier album. Quatre chansons seulement — pas même Burn the Witch ou Identikit —, comme pour démontrer encore et toujours que Thom Yorke et ses complices s'interdisent la routine, le confort d'un set verouillé de A jusqu'à Z, à l'opposé de la plupart de leurs contemporains. Ce qui, au fond, est exactement ce que l'on espère toujours des auteurs de No Surprises : être surpris, tout en restant en terrain connu.

 

Cette « exception Radiohead » a de nouveau fait la différence à Arras, seule date française de l'année. Car le groupe ne craint jamais de prendre le risque de décevoir pour mieux affirmer sa singularité, avec cette capacité à imposer ses choix et son humeur plutôt que de répondre sagement à une attente. Une partie du public savait qu'une autre actualité éclipse désormais celle de A Moon Shaped Pool : la célébration des vingt ans de leur album phare OK Computer, récemment réédité et enrichi de quelques beaux inédits. Son répertoire inusable alimentait les derniers concerts, notamment celui, triomphal, de Glastonbury. Jusqu'à un certain point : pas de Karma Police au Mainsquare, comme si Yorke & co. étaient déjà passés à autre chose. En l'occurence, célébrer dans les grandes largeurs In Rainbows, dont pas moins de sept titres formaient l'ossature d'un concert long et intense qui, après un démarrage en douceur, s'est interdit les temps morts.

 

 

Le climat, avant tout

 

 

Quand d'autres choisissent de frapper fort d'emblée avec un titre musclé et fédérateur, Radiohead a préféré installer une ambiance, un climat. Et c'est Daydreaming, ballade cotonneuse et aérienne de A Moon Shaped Pool qui ouvre le bal, suivi du non moins atmosphérique Desert Island Disk. Yorke, tout en noir, habité mais bien présent, apparemment joyeux, fait le show, avec sur sa gauche, Jonny Greenwood, à peine visible, penché sur ses claviers, et à droite Ed O'Brien, assurant son rôle de solide et bienveillante vigie.

 

Full Stop peut alors démarrer les (aimables) hostilités. Et Radiohead se transforme au fil des deux heures en une infernale machine à groover, propulsée par la basse du pourtant discret Colin Greenwood, qu'on n'avait jamais entendu si puissante, centrale, essentielle ; tandis que le jeu tantôt synchrone, tantôt complémentaire des deux batteurs déclenche chez Thom Yorke ces fascinants mouvements de danse saccadés aux airs de spasmes dont il a le secret. Le public l'imiterait volontiers s'il n'était pas si compressé dans l'enceinte de la Citadelle, pleine à craquer. Les éclarairages sont, comme à l'accoutumée, magiques, et les images du groupe projetées sur les grands écrans, aussi troublantes que pertinentes. Ici, pas de banale succession de gros plans : les musiciens s'entremêlent dans un mix visuel confus et mouvant qui reflète à merveille l'alchimie particulière du groupe.

 

Des individualités bien distinctes, à l'instar de leur disparité physique, et qui parviennent à créer ensemble ce tout semblable à aucun autre, fait d'harmonie et de dissonances, d'électronique et d'acoustique, de gémissements et de hurlements, de riffs déchiquetés et de claviers tempérés. Une palette affolante dont toutes les teintes irriguent le classique des classiques Paranoid Android, ultime titre au deuxième rappel. Chanson fragmentée, hors norme, totalement à part, qui s'impose à présent avec évidence comme le point où convergent tous les styles passés et à venir d'un groupe qui, il y a vingt ans déjà, ignorait les cadres et les limites. Sans jamais perdre de vue, au delà de sa soif d'expérimentation, l'essence d'une bonne chanson : une mélodie mémorable et une interprétation nourrie d'une profonde émotion.

 

https://www.youtube.com/watch?v=Yp--rL7XyoA

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