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Quand Otis Redding enflammait Stax


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Quand Otis Redding enflammait Stax

 

 

 

 

 

 

 

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Le label de Memphis célèbre ses soixante ans en rééditant quelques albums phares. Dont ceux d'Otis Redding, l'âme des studios, l'étoile filante d'une histoire fulgurante où Blancs et Noirs du Sud communièrent avant que l'Histoire ne les sépare.

 

 

C’est la grande affaire de la musique noire des années 60. Le Nord et le Sud, Detroit et Memphis, la Motown face à Stax, deux labels qui se disputent âprement le marché de la soul naissante. A Detroit, il y a un patron sûr de son fait, Berry Gordy, un Noir qui veut vendre la musique des ghettos au public blanc. Il ne recule devant rien pour charmer et soigner les apparences, mélodies sucrées, productions fastueuses, rythme clair comme le cristal, cours de diction et de maintien pour les chanteurs vedettes appelés à courir le monde.

 

A Memphis, c’est une autre histoire. Le Sud, encore miné par la ségrégation, est un monde à part. Les disques Stax sont administrés par deux Blancs, Jim Stewart, un chanteur country raté devenu employé de banque, et sa femme, Estelle Axton (St-Ax). Ils se démènent pour s’engouffrer dans la brèche ouverte par Elvis Presley et enregistrer les musiciens qui traînent dans les parages. Ils n’ont pas de plan de bataille, ils s’adaptent. Ils se sont installés, au cœur d’un ghetto noir de la ville, dans un cinéma des années 30, le Capitol, revendu à une église pentecôtiste puis à un club de danse country. Ils enlèvent les sièges, refont les revêtements, tendent d’épais rideaux pour soigner l’acoustique. Et pour le reste, la parole est aux musiciens. Ils inventent, eux-mêmes, le son qui va prendre la Motown à contre-pied, en s’imprégnant de la moiteur des campagnes : un rythme lourd, opaque, traversé de plaintes empruntées au blues et à la musique d’église. Stax est un berceau de ce qu’on baptisera la « deep soul », le son du pays profond.

 

 

Trois Noirs, deux Blancs

 

 

Au centre du studio trône un groupe qui s’est assemblé par hasard et trouve en quelques heures l’alchimie qui va le rendre légendaire. Steve Cropper, le guitariste, est blanc. Il est né dans une ferme du Missouri. C’est lui qui a l’idée de demander à Booker T. Jones de laisser son saxophone pour s’installer au piano, puis à l’orgue Hammond, dont il va faire sa signature. Il ne manque qu’un batteur pour ancrer l’histoire. Comme Booker T, Al Jackson est noir, une figure de la scène locale qu’on surnomme « le métronome humain ». On le tient pour le meilleur batteur de Memphis et il mène son monde à la baguette. Il est flanqué de son complice bassiste Lewie Steinberg.

 

Trois Noirs, un Blanc (bientôt rejoint par un autre, le bassiste Donald Dunn), l’intégration en marche. Ils ne sont conscients en rien de l’histoire qu’ils vont écrire. Tout semble leur venir par magie. Un jour où ils ont ramé pour accompagner un chanteur de rock’n’roll, Billy Lee Riley, ils se retrouvent seuls en studio, improvisent un blues instrumental qu’ils ont l’habitude de jouer dans les clubs, un rythme lancinant qu’ils accélèrent pour le plaisir. Green Onions est leur premier tube sous le nom de Booker T. and the MG’s. La pierre angulaire de leur son, leur griffe. Il fera le tour du monde.

 

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