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Les délires fantastiques de Funkadelic


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Les délires fantastiques de Funkadelic

 

 

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Longtemps indisponible en vinyle, “Finest”, compilation culte du plus culte des groupes de l’Amérique funk, ressort aujourd’hui. Ouverture bienvenue sur l’univers dément d’où sont sortis Prince et bien d’autres.

 

Pour les non-avertis (pour les autres aussi), Finest est le plus utile des sésames, un (rare) concentré des coups d’éclats de Funkadelic, groupe dont on ne perce pas les mystères sans mettre en danger sa santé mentale. Sur Finest, l’histoire débute avec I bet you, à la fin toute fin des années 1960, alors que les jeunes Blacks déjantés qui répètent chez George Clinton viennent de signer sur le label Westbound. Un peu doo wop, un peu gospel, un peu psyché, à l’image du Ball of confusion des Temptations, le morceau porte encore la marque de leur passé dans la cohue du rhythm and blues. Une carrière longue comme plusieurs jours sans pain, un parcours à désespérer les plus acharnés. Plus de dix ans de contrats minables sous le nom de Parliament, une petite bande soul à la mode de l’époque, fondée sur des harmonies vocales peaufinées dans le salon de coiffure de Clinton où traînaient tous les marlous de Plainfield dans le New Jersey. Les Parliament ont joué partout, usé leur talent sur toutes les routes, dans les trous les plus paumés de l’Amérique noire, ils ont déménagé à Detroit pout tenter leur chance chez Motown. George Clinton  y a ses entrées, mais il est trop dingue pour le label de Berry Gordy, sa drôle de dégaine, sa science et sa coiffure démente font flamber les esprits, elles font peur aussi dans une ville que les émeutes ont embrasée en 1967.

 

La révolution est en marche, et Clinton a plusieurs pas d’avance. Funkadelic rejoint le bataillon black rock de Jimi Hendrix  et Sly Slone, intègre la folie rythmique que James Brown est en train d’inventer et démarre pied au plancher. Ils fréquentent tous les clubs, toutes les arrière-salles du circuit black, jouent aussi avec Iggy Pop et le MC5 et se débarrassent des beaux costumes de milords qui font l’étiquette de la scène soul. Ils font comme bon leur semble, inventent leur style en chemin, des fripes de hippie, un drap de lit piqué à l’hôtel pour faire le fantôme, des chapeaux improbables, des paillettes, de la peinture fluo, tout ce qui peut faire éclater leur show traversé d’effets cosmiques et très influencé par la consommation de LSD.

 

Le groupe est solide, il a pour lui des années d’expérience et l’incessante répétition des concerts. Il peut s’arrimer à son socle pour larguer les amarres et partir loin, dans ses longues aventures psychédéliques, ses délires salaces, ses orgies de rythme et de guitares débraillées. Il ne leur faut pas longtemps pour devenir les stars excentriques de l’Amérique noire. En 1971, Maggot Brain (présenté sur ce disque dans une version live) les propulse dans une autre dimension. « Notre mère la terre est enceinte pour la troisième fois / Parce que vous l’avez tous culbutée », annonce une voix en préambule, et l’éclat sombre et torturé de Maggot Brain ouvre l’album sur un fantastique solo de guitare, dix minutes de déchirement électriques qui s’alignent sur le génie d’Hendrix et celui de Carlos Santana, le feu et la mélodie, la rage et la mélancolie. « Joue comme si tu venais d’apprendre la mort de ta mère », a dit George Clinton à son guitariste Eddie Hazel, avant de le laisser seul en studio. La virtuosité du musicien tord la mélodie chagrine composée par Clinton. La légende dit que celle-ci lui est venue après qu’il a trouvé le corps décomposé de son frère dans un appartement de Chicago, le crâne défoncé 

 

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