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Leonard Cohen un pas vers le silence


serdam

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Various Positions est un étrange album. Cinq années ont passé depuis Recent Songs(1979) qui avait un peu rassuré sa maison de disque après les excentricités coûteuses de Death of a Ladies’ Man. Il faut se rappeler que Cohen n’a jamais été une star aux Etats-Unis ; même si son talent était reconnu, sa viabilité commerciale était chaque fois en question. Or on tiqua chez Columbia à l’écoute des nouvelles chansons du Canadien. L’album fut refusé puis sous-traité au label Passport – tandis qu’en France il sortait normalement chez CBS. Ces péripéties paraissent absurdes maintenant que Various Positions est officiellement le lieu de naissance de Hallelujah, standard mondialisé. Mais Hallelujah était de ces morceaux auxquels les arrangements de Jon Lissauer ne rendent pas le meilleur hommage. Leonard Cohen en est aussi responsable que son producteur : ayant découvert le Casio, c’est sur ce petit clavier qu’il lui a joué ses maquettes. Les synthés mid-80’s modernisent le son du poète mais le datent et l’enlisent aussi parfois. Surnagent les chansons les plus sobres, où l’on entend l’autre nouveauté : la voix de Leonard a baissé d’un ton, s’est creusée dans les graves. The Law ou Night comes on y trouvent une profondeur inédite. Et cet album composite serait si nécessaire cent fois rédimé par la prière qui l’achève. Au milieu de sa vie d’artiste et dix ans avant une retraite temporaire dans un monastère zen de Californie, le chanteur médite sur la possibilité du silence. Les lèvres au bord de la coupe du spirituel, sa voix d’ombre, ourlée par l’oiselle Jennifer Warnes, invoque une volonté supérieure : if it be your will… that I speak no more… Couper la langue à un poète, est-ce raisonnable ? On sait les liens étroits que Cohen a toujours entretenu avec le doute. Et le revers de protestation païenne qui sous-tend ses élans mystiques. Mais ici les mots vibrent d’accents troublants, sinon tout à fait sincères. Oui, se taire enfin, pourquoi pas.

 

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