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Barbara repousser les aveux


serdam

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Il y a de rares beaux éclats dans Barbara, un film où Mathieu Amalric fait tellement de ronds de jambe pour embrasser la chanteuse qu'il oublie d'étreindre le spectateur. Je pense à cette scène d'échappée où dans la nuit suivant un concert, la dame en noir squatte la camionnette d'un machino et fait halte avec lui dans un hôtel-resto pour routiers, où sur un vieux piano elle se met à improviser Nantes. Puis surtout cet instant de sublime solitude sur une scène où ne restent qu'elle et son instrument. Là plus rien ne compte, ni l'encombrant procédé du film dans le film, ni la réelle ressemblance de Jeanne Balibar, qui rend si cruelle la comparaison avec les inserts documentaires montrant la vraie Barbara. L'actrice n'a qu'à exécuter un playback et s'en acquitte au mieux. La chanson fait le reste, elle est magique. C'est Je ne sais pas dire…Cinquième titre de la première face de Barbara Chante Barbara. 1964. L'album des roses. Celui de Pierre, de Nantes, de Sans bagages, du petit Bois de Saint-Amand… Celui où elle parle de mourir dès l'âge tendre. Où elle parle d'amour comme personne ne le faisait à l'époque. Avec autant de malice que de gravité. Je ne sais pas dire je t'aime… Je ne sais pas, je ne sais pas… Trop tard, tu l'as déjà dit. Elle va passer le reste de la chanson à enluminer cet évitement. A ménager un suspense. A chaque fois remplacer la formule fatale et trop usée par quelque notes tirées du piano noir. Un bout de mélodie presque banalement joli. Un écho anticipé du Emmenez-moi d'Aznavour.Mais un formidable instant où la musique a pour mission de remplacer les mots – façon élégante et discrète de clouer le bec aux enragés de la chanson à texte. Le comble est qu'elle fait sonner ces notes en sourdine. Un art exquis et douloureux de la dérobade, poussé plus tard au creux des Sommeil ou Silence… Puis à la fin, acquiescement et pirouette, Barbara finit par dire ce qu'elle disait ne pas savoir dire. Happy end ?

 

 

 

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