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“Le Grand Jeu” bluffant d'Aaron Sorkin


serdam

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La jet-set s’encanaillait ; Molly Bloom empochait. L’histoire vraie d’une femme qui régenta le monde du poker clandestin… et s’y brûla les doigts.

 

On l’appelait la « princesse du poker ». Durant des années, de Los Angeles à New York, Molly Bloom a organisé les parties les plus convoitées et les plus fermées de tout le continent américain. Stars de cinéma, dieux du stade, géants de la finance, princes et PDG se sont battus pour avoir le privilège de perdre des millions de dollars sur son tapis vert. Avant que la mafia russe et les escrocs à la Madoff, puis le FBI, ne s’invitent pour changer la donne… Nul besoin de savoir distinguer une quinte flush d’un brelan d’as pour entrer dans le jeu de Molly, amazone de la jet-set, ex-championne de ski, ex-future étudiante à Harvard. Le Grand Jeu n’est pas un film sur le milieu du poker et ses codes (même s’ils y sont habilement décortiqués), ni sur le faste de ces soirées (les stars attablées ici restent fictives), mais sur le parcours romanesque de celle qui a si bien su s’en servir, puis failli s’y perdre. C’est le portrait d’une ambitieuse, depuis sa première chute, sur les pistes d’une compétition préolympique, jusqu’à la seconde, qui se déroule dans un tribunal. Entre les deux se déploie le récit d’une irrésistible ascension.

 

Il existe une véritable Molly Bloom — le film s’appuie sur son autobio­graphie. Mais celle que Jessica Chastain incarne avec un charisme étincelant est avant tout la créature d’Aaron Sorkin, le fameux scénariste de The Social Network, Des Hommes d’honn  ou de Steve Jobs, le créateur inspiré des séries A la Maison Blanche  ou The Newsroom, qui fait, cette fois, ses grands débuts de réalisateur. On retrouve, dans chacune de ses fictions, le même art du dialogue percutant, la même fascination pour les bosseurs acharnés, les beaux esprits en surchauffe, toute une poétique de la performance et du dépassement de soi. Molly Bloom ne se contente pas de bâtir un petit empire à partir de rien (tout commence par un job alimentaire) ; elle accomplit cette prouesse sans renoncer à son intégrité morale. Même dans sa déchéance, lorsque les autorités la poussent à révéler l'identité de ses illustres clients, elle refuse la trahison. Son avocat — Idris Elba, élégant faire-valoir — le dit ainsi : « C’est comme si elle avait le ticket gagnant et qu’elle ne l’utilisait pas. » Cette héroïne hors du commun n’est pas, pour autant, un monolithique prix de vertu : si Aaron Sorkin s’intéresse aux mécanismes de l’ambition, il en scrute aussi les côtés obscurs : l’ombre d’un père trop exigeant (Kevin Costner), de vieilles blessures, sportives et familiales.

 

Mais la plus grande force de ce récit nerveux et virtuose n’est pas d’analyser la psyché de Molly. Elle consiste à célébrer son atout majeur : l’intelligence. Molly est belle, sensuelle, mais elle ne réussit ni grâce à sa féminité, ni malgré elle. Seulement parce qu’elle est la meilleure dans son domaine. Entre elle et un monde régi par les hommes, il y a égalité.

 

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