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Pourquoi la mayonnaise suscite autant de dégoût


serdam

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Cette sauce blanche et gluante est loin de faire l’unanimité.

 

 

 

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CUISINE - Barack Obama n'en est pas fan. Dans votre entourage, quelqu'un l'a sans doute en horreur (c'est peut-être même votre cas!). De quoi parle-t-on? De la mayonnaise, cette sauce toute bête à base d'œuf et d'huile qui suscite pourtant des réactions très ambivalentes.

 

Une chose est sûre: beaucoup de gens ne la supportent pas. Nous, si, et nous nous sommes demandé pourquoi elle suscitait tant de dégoût. Pour mieux comprendre le phénomène, nous nous sommes tournés vers deux universitaires qui se sont penchés sur la question: William Ian Miller, professeur de droit à l'université du Michigan et auteur du livre "The Anatomy of Disgust(1997), et Rachel Herz, maître de conférences associée à l'université de Brown, qui a publié "That's Disgusting: Unraveling the Mysteries of Repulsion" (2012).

 

Une sauce bien trop remuante

 

C'est peut-être du fait de son côté... remuant que la mayonnaise ne revient pas à certains.

 

"Ce qu'elle a de plus déplaisant, c'est sa texture", indique Rachel Herz. "Elle tremblote au moindre mouvement et reste rarement immobile. Or, voir remuer un objet inerte donne l'impression qu'il est doué de vie, ce qui implique un risque de contamination."

 

Le dégoût a justement pour fonction principale d'éviter toute contamination. Devant un objet qui bouge de manière inattendue, notre esprit génère une réaction de rejet censée nous protéger. Même consommée dans un sandwich, et donc invisible à nos yeux, la mayo reste associée à quelque chose d'anormal qui la rend bien peu ragoûtante.

 

Une consistance qui rappelle les liquides corporels 

 

"J'imagine que si la mayonnaise nous semble répugnante, c'est parce qu'elle fait penser à du pus", estime M. Miller. "Les liquides corporels et la pourriture sont deux des éléments les plus susceptibles d'entraîner un réflexe de dégoût."

 

Sperme, pus, graisse: cette sauce évoque bel et bien des substances qu'on n'a guère envie de visualiser au moment des repas. C'est encore notre peur de la contamination qui agit sur le subconscient pour entraîner chez certains ce rejet des liquides corporels.

 

Une température qui n'arrange rien

 

Le professeur nous indique une règle de base: "Si une substance n'est ni glacée ni brûlante (...) il y a plus de chance qu'elle génère de la répulsion."

 

La glace à la vanille, par exemple, partage avec la mayonnaise sa couleur et sa texture un peu visqueuse. Mais comme elle est très froide, nous la percevons différemment. La température ambiante est associée à celle de notre corps, explique le professeur. D'accord, la mayonnaise est rarement servie à 37 °C, mais elle n'est ni glacée ni chaude.

 

Tout ce qui n'est pas humain, mais présente des caractéristiques propres à l'homme, tend à susciter notre aversion: c'est toute l'idée de la théorie de la "vallée dérangeante". "Il n'y a rien de plus repoussant", estime William Ian Miller.

 

Une réaction acquise 

 

Nos dégoûts ont souvent un aspect culturel: c'est pourquoi la mayonnaise est n'emporte pas l'adhésion dans des pays comme les États-Unis, alors que d'autres, comme la Belgique, l'adorent.

 

"Nos rejets sont en fait des comportements acquis: il n'y a pas d'association naturelle entre la mayonnaise et un liquide corporel, ni de dégoût inné de ces derniers", ajoute Rachel Herz. "En revanche, une fois que nous faisons ce lien, il fait naître en nous un écœurement bien réel."

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