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“Le Jeune Karl Marx”, de Raoul Peck : la pensée capitale en formation


serdam

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Un jeune bourgeois rieur, amoureux, plein d’énergie. Mais en colère contre l’ordre social. Raoul Peck retrace avec soin les débuts du penseur de génie.

 

Les grands portraits affichés sur la place Rouge de Moscou ou dans les congrès des partis communistes du monde entier ont figé Karl Marx  en vieux sage. Une icône à grande barbe blanche, au visage grave, voire compassé… Le grand mérite du nouveau film de Raoul Peck  est de rappeler que l’auteur du Capital fut, d’abord, un jeune homme rieur, amoureux, à l’énergie débordante. Un penseur au génie précoce, aux idées nourries par l’expérience concrète, tourné vers l’action, et mu par la colère — contre l’ordre social profondément inégalitaire de son temps mais, aussi, contre ses amis progressistes, trop timorés à ses yeux. 

 

Ennemi du biopic classique, Raoul Peck s’est concentré sur une brève période de la vie de Marx : ces cinq années — de sa première arrestation en 1843 à la publication du Manifeste du parti communiste en 1848 — pendant lesquelles le journaliste allemand va élaborer les concepts de matérialisme historique et de lutte des classes. Et jeter les bases d’un mouvement ouvrier unifié à l’échelle internationale. Le cinéaste haïtien parvient à incarner cette pensée en formation dans les joutes oratoires, parfois violentes, qui opposent le jeune Marx aux hégéliens de gauche et à Proudhon. Inutile d’être agrégé de philo pour y prendre du plaisir : les dialogues sont des modèles de pédagogie vivante.

 

Cette aventure intellectuelle est, aussi, le récit émouvant d’une amitié. Entre Marx, le bourgeois en rupture de ban, et Engels, l’héritier d’un riche industriel du textile qui préfère la compagnie des ouvriers à celle des capitalistes, la complicité est quasi immédiate. August Diehl et Stefan Konarske  (formidables l’un et l’autre) interprètent les deux révolutionnaires en débatteurs rompus à toutes les subtilités de la dialectique, convaincus de leur supériorité, voire même arrogants. Mais aussi comme de grands gamins joueurs, risque-tout, émerveillés de leur propre audace. Leur jeu plein de fougue et de passion apporte le surcroît de vie qui manque parfois à la mise en scène, élégante et soignée, mais trop illustrative — un peu trop « bourgeoise », en somme…

 

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