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Karen Dalton, out of America


serdam

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Merci Judy Roderick , sans elle j'aurais oublié Karen Dalton, persuadé de lui avoir déjà fait les honneurs de ces lieux. Le legs paraît mince, deux albums sortis de son vivant. Mais une discographie parallèle, faite de bandes live ou maison, plus intimes, a depuis complété l'image sonore imparfaite que donnaient le spartiate It's hard to tell who's going to love you the best (1969) et le trop riche In my own time (1971). Sans jamais éclairer vraiment son ombrageux mystère. Karen Dalton était comme les chevaux indomptables ou les chats impossibles à photographier. La capter, la capturer, l'enregistrer même contrariait sa nature. Elle n'allait pas vers le micro, elle n'allait pas vers le public, il fallait venir à elle, entrer dans sa musique, épouser sans condition sa voix veinée comme le bois, fracturée comme la pierre. Elle n'avait pas rendez-vous avec la gloire. Elle formait des équipages, avec Fred Neil ou Tim Hardin  au temps pionnier du Village folk, le New York encore engourdi dont Dylan’ serait le prince ; avec Richard Tucker ou Dan Hankin, dans une cabane à flanc de montagne du Colorado. Elle était farouche, terriblement vivante et cruellement vulnérable. Elle avait du sang irlandais et cherokee. Jouait d'un banjo au manche démesurément long ou d'une Gibson rouge à douze cordes. Se défonçait pour faire carapace ou la fendre au besoin. Sa voix coulait comme un ruisseau chargé de toutes les belles impuretés américaines. Dans les années 60, on pouvait encore croire qu'elle descendait des Appalaches et c'est sûrement ce qui rendit baba le jeune Dylan, peu prodigue en compliments. On put l'attraper en studio comme on le faisait des vétérans du blues sortis de la dèche par un esthète ou un fouineur. Les traces qui nous en restent vont du sublime au frustrant. Il faut admettre que même vingt-cinq ans après sa triste fin et près du double après ses disques, on n'apprivoise pas Karen Dalton. On essaie de vivre avec son blues incurable.

 

 

 

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