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Foot : le maillot psychédélique est-il l'avenir des gardiens ?


James13

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Foot : le maillot psychédélique est-il l'avenir des gardiens ?

 

 

 

Ils jouaient en noir dans les années 1970, on les a affublés de maillots bariolés vingt ans plus tard, avant de leur imposer le maillot fluo uni. Un petit club anglais vient de tenter une expérience scientifique.

 

 

 

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Capture d'écran d'un tweet publiant les nouveaux maillots de l'équipe anglaise des Wycombe Wanderers, en juillet 2017. (TWITTER)

 

 

 

 

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Pierre GodonFrance Télévisions

 

 

Mis à jour le 22/09/2017 | 06:05

publié le 22/09/2017 | 06:05

 

 

 

 

 

 

 

 

"Un effet magique perturbateur pour l'œil." C'est l'argument qu'ont avancé les Wycombe Wanderers, obscur club de quatrième division anglaise, pour justifier le nouveau maillot de leur gardien, inauguré en grande pompe en juillet. Le fond est fluo, le motif éclaté et psychédélique, sur le modèle des kaléidoscopes des années 1950. 

 

Lors d'un duel entre tireur et gardien, tout se joue en 500 millisecondes. L'attaquant doit lever la tête, estimer la position du gardien, et décocher son tir dans un temps très réduit. Tandis que le gardien doit déjà anticiper son plongeon avant de voir partir la balle. Toute la recherche sur la couleur du maillot du gardien sert donc à perturber l'attaquant au moment du geste fatidique. "L'attaquant vise instinctivement le gardien, même s'il cherche à l'éviter", abonde le psychologue Harald Braem dans le Stuttgarter Nachrichten (en allemand). Cela fait près de cinquante ans que les joueurs et les scientifiques cherchent donc la bonne formule pour déconcentrer les attaquants… et personne n'a encore trouvé la recette miracle.

 

 

D'illustres adeptes du foncé

 

 

Première référence moderne du poste, le gardien soviétique Lev Yachine ne jouait qu'en noir. Ce qui lui a valu un surnom, "l'araignée noire", et le rôle de pionnier dans la recherche de la couleur idéale pour les gardiens de but. A cause de son maillot, les attaquants avaient l'impression qu'il avait huit bras. "C'est plus difficile pour les attaquants de trouver un point de référence avec cette couleur", a expliqué un jour l'unique portier à avoir décroché le Ballon d'or. Pour la petite histoire, on a appris en 2013 dans une interview de sa veuve au magazine spécialisé The Blizzard (en anglais) que ce maillot n'était pas noir mais "bleu très foncé". Trop tard, la postérité avait déjà fait son œuvre.

 

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Le gardien soviétique Lev Yachine se saisit de la balle lors d'un match Russie-Italie qualificatif pour l'Euro 1964, le 11 novembre 1963 à Rome (Italie). (STAFF / AFP)

 

 

 

 

 

L'école Yachine a trouvé des disciples jusqu'à récemment : Fabien Barthez préférait systématiquement le noir, alors que le fantasque gardien allemand Oliver Kahn a passé la plupart de sa carrière avec un maillot gris sur les épaules. "Cela permet de mieux se fondre dans la foule derrière les buts, et de faire hésiter l'attaquant plus longtemps", a théorisé l'ex-portier du Bayern sur Gol TV.

 

 

"Des rideaux pour ma cuisine"

 

 

Problème : le noir, jusque dans les années 1990, était surtout la couleur des arbitres. Les portiers devaient se rabattre sur le vert (souvent), le jaune ou le blanc. Une couleur qui a perdu des parts de marché après un but fameux de Kevin Keegan de 40 mètres contre Peter Shilton, star des gardiens anglais de l'époque. Sa tenue immaculée attirait trop la lumière des projecteurs, offrant comme un repère brillant aux adversaires. Au début des années 1990, la libéralisation des règles sur les tenues pousse gardiens et équipementiers à se lâcher.

 

Fer de lance de la tendance fluo/psychédélique, Jorge Campos, le petit gardien mexicain, qui concevait lui-même ses tenues, inspirées des planches de surf de son Acapulco natale. Campos n'avait probablement pas entendu parler du match entre deux équipes de tournage de l'âge d'or de la Cinecitta, entre les techniciens du Novecento de Bernardo Bertolucci et celle des 120 jours de Sodome de Pier Paolo Pasolini. La presse transalpine rapporte que la première équipe s'est imposée 5-2 grâce "à ses maillots psychédéliques qui rendaient la vue du ballon difficile", rapporte le livreCalcio (en anglais)

 

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Le gardien mexicain Jorge Campos lors de la Coupe du monde 1994 contre la Norvège, le 16 juillet 1994 à Washington (Etats-Unis). (MEXSPORT / MEXSPORT)

 

 

 

 

 

Vingt ans plus tard, les goûts excentriques du gardien mexicain ne sont toujours pas entrés dans les mœurs. En témoigne cette phrase du gardien norvégien Erik Thorstvedt, avec qui Jorge Campos échangea son maillot au Mondial 1994 : "Ça tombe bien, je cherchais depuis longtemps de nouveaux rideaux pour ma cuisine." 

 

N'empêche. Campos avait beau mesurer moins de 1,70 m, il demeurait d'une redoutable efficacité même sur les ballons aériens. Peut-être grâce à ses maillots fluo ? Campos n'a jamais déposé ses œuvres, juste son nom, et aux dernières nouvelles, il voulait dessiner des vêtements... de golf. "C'est dur pour les gardiens actuels, qui doivent respecter la politique de l'équipementier du club, confie-t-il à Sports Illustrated (en anglais). A mon époque, je faisais ce que je voulais."

 

 

Fluo 1 - psychédélique 0

 

 

Epoque révolue. Aux excentricités des années 1990 répondit le retour d'une certaine sobriété lors de la décennie suivante. Règle absolue : des maillots unis, fluo si possible. Les scientifiques sont formels : un maillot fluo rend le gardien plus grand qu'il n'est vraiment. Dans le cas d'un Petr Cech, dans les cages de Chelsea pendant une décennie avec son 1,96 m, cela peut avoir un effet dévastateur. "Des études montrent que la couleur orange éclate plus quand l'attaquant prend sa décision en levant la tête", assure Petr Cech, dans le Daily Mail (en anglais)"Cette couleur est quasi impossible à ignorer pour l'œil."

 

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Le gardien de Chelsea Petr Cech lors d'une demi-finale de Ligue des champions face à Barcelone, le 28 avril 2009. (JOSEP LAGO / AFP)

 

 

 

 

 

Notons au passage que les couleurs flashy sont aussi celles qui plaisent le plus aux enfants, cible marketing non négligeable. L'arme absolue, c'est le maillot couleur gazon, façon camouflage, mais un peu fluo, selon le spécialiste Harald Braem. "Cette couleur agressive va mettre l'attaquant mal à l'aise."

 

Quid de l'expérience des Wycombe Wanderers ? "Ce n'est pas vraiment un succès", euphémise George, fidèle supporter du club, contacté par franceinfo. Le gardien Scott Brown a revêtu la fameuse tunique et a encaissé 13 buts en quatre matchs. La science a ses raisons que la superstition ignore, et le maillot jaune fluo a été rapidement remisé aux oubliettes.

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